mercredi

Notre parcours

A partir de notre point de base singapourien, nous avons rayonné dans la région d'Asie du sud est du 8 au 25 mai 2008, avec des petites escales en Malaisie et une étape plus longue en Indonésie à travers les îles de Java et Bali.

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vendredi 9 mai

Il aura fallu douze heures de vol pour atteindre Singapour, première étape de notre séjour asiatique. Le programme des 17 jours à venir était déjà plus ou moins planifié, et nous faisait passer par trois pays d’Asie du sud-est : Singapour, Malaisie et Indonésie. Le vol ne nous a pas semblé long, les conditions offertes par la compagnie Singapore Airlines étant excellentes, et l’arrivée à l’aéroport a d’emblée montré la qualité et le confort des infrastructures locales. Grande salle moquettée, climatisée, calme, paisible, murs végétaux, … tout pour que l’entrée dans le pays se passe bien. Il est sept heures du matin heure locale, six heures de plus qu’en France, et on vient de sauter la nuit. Dehors il fait déjà 27° et l’humidité est très forte. Le taxi nous emmène chez Raphaël et Manon, absente pour notre premier passage. A peine arrivés, on se pose, on laisse Raphaël aller bosser et on part directement faire un plongeon dans la piscine presque privative de la résidence. Un peu plus frais, on décide de partir se balader en ville avant de retrouver notre hôte pour le déjeuner. On part prendre le métro, lui aussi très moderne comme le reste de la ville, direction Chinatown. Singapour n’est pas réputée pour ses quartiers historiques, c’est principalement un cœur financier en Asie avec ses tours modernes, mais aussi le plus grand port du monde, principale plaque tournante des conteneurs. On traverse quand même quelques rues sympas, soit reconstruites comme de vieilles rues chinoises, même si ça sent le neuf, soit de vieux magasins avec les pépés qui attendent sur leur perron mais honnêtement le début de promenade n’a rien d’exceptionnel, et notre première pause dans un café en terrasse ne restera pas dans les annales, très chaud, bière assez chère, enfin bon ça passe quand même. On se dirige à pied vers la city pour notre rendez-vous, en passant devant quelques temples anciens, car il y en a malgré tout. On a même la chance de tomber sur une cérémonie hindoue, très particulier, grosse ambiance, pour des novices comme nous c’est un peu la foire, des gens se baladent, déposent des offrandes, d’autres qui semblent plus importants ont le torse peint et chantent, il y a une forte odeur d’encens et une musique lancinante, puis d’un coup une sorte de procession se met en marche, le gars peint fait un tour dans le temple en portant une coupe, suivi de différentes personnes qui lui jettent des pétales de fleur, puis un autre brise sur le sol une noix de coco, pas pratique puisqu’on était pieds nus pour visiter, puis on est parti. On se rapproche du centre financier, les rues se font plus belles, plus propres, les immeubles plus modernes, et petit à petit on arrive sur l’esplanade avec l’énorme Merlion d’une vingtaine de mètres. C’est le symbole de la ville, qui n’est ni plus ni moins qu’un corps de poisson surmonté d’une tête de lion crachant de l’eau dans la mer. La vue est très jolie, d’un coté la forêt de buildings, de l’autre le théâtre et l’opéra, incroyables édifices en forme d’œil d’abeille qui ont vraiment beaucoup d’allure. On avait prévu de se retrouver dans la zone des restos, le long de la rivière. On croise ici les expatriés travaillant à Singapour, et on trouve des saveurs de tous les pays. Pour s’acclimater en douceur, on décide de prendre notre premier repas dans un pub anglais, pas très local mais c’est très bon et la Tiger (la marque de bière principale de cette région du monde) est bien agréable. On réorganise un peu les zones de flou dans notre programme car on a du s’adapter à des changements d’emploi du temps des amis d’Arnaud, mais on semble avoir trouvé la solution la plus adaptée, avec la Malaisie dès le lendemain matin. On retourne à pied à l’appart, ce n’est pas tout près, mais le trajet nous fait passer par la rue principale de la ville, l’équivalent des Champs Elysées, bordée de magasins et pleine d’animations. L’occasion de tester la glace au durian, ce gros fruit asiatique énorme, malodorant au point d’être interdit dans les transports en commun ou dans les aéroports. Une fois surmonté l’odeur horrible qui tire un peu sur celle du vomi, il faut s’attaquer au goût, pas emballant non plus, l’inverse aurait été étonnant. Bref la poubelle s’est régalée du reste de la glace. En plein après-midi, la chaleur est terrible. Malgré le monde on est les seuls à attendre à un passage piéton, le gros de la foule attend 10 mètres en retrait, on a vite compris pourquoi, on était les seuls au soleil tandis que les autres étaient à l’ombre et sûrement mieux que nous. Après cette grosse suée, on est heureux de retrouver la piscine pour passer la fin de l’après-midi. Le soir Raphaël nous emmène dans un resto japonais, avec barbecue au milieu de la table, très sympa. Après ce bon dîner, on n’a pas traîné à trouver le sommeil.

samedi 10 mai

La nuit fût excellente, je me suis réveillé le matin avec un vague souvenir très lointain de l’énorme orage tropical qui a frappé pendant la nuit. Il est tôt, on a un bus à prendre pour Malacca en Malaisie. J’avoue avoir dormi encore pendant le trajet, avec de brefs réveils aux douanes de chaque coté du pont séparant les deux états, et quelques autres pour regarder le paysage caractéristique de ce pays : les forêts de palmiers à perte de vue sur des centaines de kilomètres. C’est le plus grand producteur d’huile de palme, on comprend tout de suite pourquoi. C’est très beau, malheureusement il pleut une bonne partie de la route, la saison des pluies vient juste de finir, il reste un peu d’eau à tomber. Les bus sont super confortables, spacieux. On arrive à Malacca, ville historique, sorte de musée en plein air riche en monuments. Le cœur vivant c’est Chinatown. Les rues sont étroites, les bâtiments n’ont qu’un étage et ont un style traditionnel. On visite un vieux galion portugais, des villas, principalement celle des sultans, magnifique maison sur pilotis construite sans clous ni vis, et également quelques temples et mosquées. On a aussi vu deux gros varans le long de la rivière traversant la ville, bien plus gros que nos petits lézards. Les nombreux pousse-pousse de la ville étaient étonnamment décorés de fleurs, statues, miroirs, … on en a pris un pour récompenser leurs efforts et économiser un peu les notre. On a aussi profité du début de soirée pour écrire nos cartes postales devant un cocktail, et on a bien fait de les prévoir aussi tôt dans le voyage car malgré ça on est rentré bien avant elles. Le soir le quartier s’anime avec un marché de nuit, et la rue devient très vivante avec des animations comme le karaoké très populaire. Repas local avec une grosse soupe typique pour se réchauffer… Soirée concert, avec des danseurs, puis achat de quelques souvenirs avant de retourner à l’hôtel.

dimanche 11 mai

L’étape malaise aura été très courte, et nous voilà repartis pour Singapour en chemin inverse. Raphaël nous a réservé une table au brunch de l’hôtel Beaufort sur l’île de Sentosa, lieu du divertissement, avec les plages artificielles et différents loisirs. Quel repas ! Tout à volonté sous forme de buffet, mais de très grande qualité. Foies gras poêlés, sushi, viande australienne haut de gamme, fruits de mer, … et champagne et vin à volonté. Le buffet de desserts tout simplement délicieux, je repense encore aux fontaines de chocolat… Après tout ça il a fallu se relaxer dans la piscine de l’hôtel, toute carrelée de noir. Le repas un peu descendu et nous un peu moins lourds, on part se promener le long des plages. C’est artificiel mais l’effet est réussi avec une succession de belles plages arrondies, sauf qu’en décors on a les nombreux paquebots transitant par le port, c’est tout de suite moins paradisiaque. La fin de journée n’a pas été particulièrement chargée, on est rentré à l’appart passer la soirée tranquillement sur la terrasse, d’autant que Raphaël avait un vol pour la Corée le soir même, et nous un vol le lendemain matin pour Surabaya sur l’île de Java.

lundi 12 mai

C’est le jour du départ vers l’Indonésie, notre plus longue étape du voyage. On va assez tôt à l’aéroport, un modèle du genre, s’ils pouvaient tous être comme lui ce serait moins ennuyeux d’attendre ses vols. C’est beau, on irait presque par plaisir, il y a des jeux vidéo, des fauteuils relaxants, des machines de massage, et même un cinéma ! Le principal risque est de rater son avion. On a été vigilant et nous voilà à Surabaya, la seconde ville du pays avec 4 millions d’habitants. On change de l’argent et on devient par la même occasion millionnaires, 1 euro valant 14 000 roupies. Il est midi et la journée est consacrée au transport jusque Ceromo Lawang, petit village au pied du Bromo, le volcan programmé le lendemain. On commence d’abord par un taxi jusqu'au terminal de bus, ça c’était facile. Au terminal déjà ça devient un peu le bazar, chaque compagnie essayant de nous rabattre vers son bus, finalement on grimpe dans le bon, mais sans savoir à quelle heure il part, souvent c’est quand il est assez rempli pour que le déplacement vaille le coup. On n’a pas trop attendu, de toute façon le temps passait vite avec les nombreux vendeurs et chanteurs se succédant dans les bus. La route est correcte, malgré quelques passages un peu défoncés, mais la circulation est intense avec beaucoup de camions. La conduite est particulière, personnellement je n’aurais pas doublé aussi souvent que notre chauffeur, mais bon avec un bus ça aide à être franc contre les nombreuses motos. On s’est retrouvé coincé dans deux énormes bouchons, y’avait des travaux sur notre voie, et au lieu de faire une alternance, ben non ils bloquent 1h dans un sens. Notre chauffeur a quand même réussi à doubler quelques camions à l’arrêt, mais c’était chaud, allant même jusqu’à rouler sur les bas cotés de l’autre voie. Faut dire qu’il est payé au rendement, plus il va vite plus il fait de trajets, et plus son bus est rentabilisé. Pour nous touristes, d’ailleurs on était les deux seuls du bus, ça fait une expérience. Petite anecdote : une enfant a été malade, et pas qu’un peu, et pendant un instant on a d’abord cru à de la nourriture, on n’est plus surpris de rien, mais vu l’ampleur de l’odeur après quelques minutes ce n’était pas possible… On arrive donc plus tard que prévu à Prodoligo, d’où partent les bémos jusque notre village. Les bémos sont des minibus publics, d’une vingtaine de places bien tassées. Le bus ne nous dépose pas au terminal mais dans une agence de voyage, enfin c’est un grand mot, y’avait qu’un minuscule bureau vide dans une pièce encore plus vide. Finalement on fera affaire quand même là, et plus tard on verra que c’était la seule agence. On organise notre séjour jusqu’à Bali. Première étape, aller à Ceromo Lawang, à une heure de bémo sur des routes de montagne. Le gars de l’agence nous en arrête un, on attend pas longtemps pour qu’il soit plein, et à 20 dans ce van on se lance, puis les gens descendent les uns après les autres, et à 20 kilomètres de l’arrivée alors qu’on est les deux derniers le bémo s’arrête dans un autre village, fin de voyage nous disent le chauffeur et son acolyte. Merde ça sent l’arnaque, on discute, mais ils ne sont pas décidés à monter jusqu’en haut que pour nous. Soit on attend que le bémo se remplisse, improbable comme ça en fin d’après-midi dans ce village paumé pour aller à un autre village paumé, soit on le « chartérise », c'est-à-dire acheter toutes les places. Une autre option s’est offerte à nous, un gars nous proposait de nous emmener à l’arrière de sa moto. On a accepté, déjà parce que c’était beaucoup moins cher, même si dans ce pays au coût de la vie très bas la différence ramenée en euros n’était pas si énorme, et aussi pour montrer aux autres que l’arnaque ne paierait pas aujourd’hui. 45 minutes à observer le paysage, et à espérer que la moto ne tombe pas en panne. Avec deux personnes plus le sac, la moto n’a pas su franchir toutes les cotes, et j’ai du faire des petits tronçons à pieds… On avait réservé le matin une chambre dans le plus bel hôtel de la région, le Lava View Lodge, et effectivement c’était chouette, on a d’ailleurs rendu jaloux plusieurs touristes le lendemain quand on leur a dit qu’on n’avait pas eu froid, on est quand même à 2300 mètres d’altitude où les nuits sont très fraîches. C’est aussi l’hôtel avec la plus belle vue sur la Caldeira, l’énorme cratère de plusieurs kilomètres de diamètre où se trouvent à l’intérieur d’autres volcans dont le Bromo, sauf qu’avec tout le temps perdu il fait déjà bien sombre. On passe la soirée à l’hôtel, de toute façon on trouverait rien de mieux. On s’est couché tôt de toute manière, après avoir réglé le réveil sur 3h45 le lendemain matin…

mardi 13 mai

La jeep est réservée pour 4h, et doit nous emmener au sommet d’où on aura une vue réputée extraordinaire pour observer le lever de soleil sur la Caldeira. On est prêt, mais la jeep n’est pas devant l’hôtel, très vite un type vient nous chercher pour aller devant un autre lieu de rendez-vous, ça va on n’a pas été oubliés. On se dirige à trois sur la petite moto, déjà qu’à deux les motos ont du mal, à trois ça devient compliqué, mais on n’a que quelques centaines de mètres pour se rendre dans la jeep. On est sept avec le chauffeur, deux anglaises et deux français, un peu endormis après une nuit difficile dans un hôtel de qualité nettement moins bonne. Il faut 40 minutes pour aller au sommet du Penanjakan, totale confiance au conducteur puisqu’on ne voit rien c’est la nuit noire. La route est vraiment pourrie, mais pas autant que la jeep qui nous fait le coup de la panne par moments. Finalement on arrive à bon port, et en à peine cinq minutes de marche on est sur la corniche idéalement placée pour observer le lever du soleil. Beaucoup de monde malgré l’heure très matinale et le froid qui va avec, on est quand même à presque 3000 mètres, mais c’est l’attraction de la région. Après s’être fait désirer, on devine la vedette arrivée : le ciel devient progressivement bleuté, jaunâtre, orangé, c’est très beau. Petit à petit le paysage se découvre, d’un coté une superposition de sommets, de l’autre la Caldeira avec le Bromo fumant, prolongé par le Semeru crachant sa fumée toutes les 20 minutes. C’est bon il fait jour, six heures, on reprend la jeep pour descendre et rouler dans le fond de la Caldeira, jusqu’au pied du Bromo. La grimpette est plutôt facile, 40 minutes dans les cendres jusqu’au cratère. Très beau, le volcan est en activité continue et dégage une énorme fumerole. On marche le long de l’arête, c’est vraiment à pic sur les deux versants, faux pas interdit. Le volcan est devenu un lieu de culte important pour les hindous, et une communauté s’est installée aux alentours tandis que le reste de l’île est très majoritairement musulmane. Un temple a même été construit directement au bord du cratère, avec les pierres noires volcaniques, ça rajoute un peu à la magie du site. Au loin on voit le village sur les bords du cratère principal. On reprend la route, et à neufs heures on revient à l’hôtel. C’est marrant de penser que la journée a déjà été aussi remplie à une heure où elle commence seulement habituellement. Petit déj et douche, avant de prendre un bémo rempli de touristes pour retourner à Prodolingo. C’est bien plein, car 20 occidentaux ça prend plus de place que 20 indonésiens, et le « contrôleur » passe régulièrement par la fenêtre pour aller sur le toit surveiller les sacs. On se retrouve tous dans notre petite agence, et on lie connaissance avec six autres français qui ont pris le même tour que nous, un couple et deux binômes comme nous. On va partager un van pendant deux jours jusqu’à Bali, en passant d’abord par le Kawah Ijen, un volcan plus populaire chez les Français depuis une émission de Nicolas Hulot. Peu d’autres nationalités vont l’escalader, déjà parce qu’ils connaissent moins ses beautés, et ensuite le lieu est très difficile d’accès sans louer une voiture privée et les infrastructures hôtelières ne suivent pas. 5h30 de route, mais les paysages valent le coup, surtout sur la fin, avec des montagnes et des rizières. Pour la pause midi, notre chauffeur nous dépose dans un resto un peu piège à touristes, pas très tentant, on va donc dans la gargote voisine avec nos compagnons prendre un bon nasi goreng, ou plutôt un nasi goreng tout court. C’est des nouilles dans de la sauce, meilleures que ces grosses boules de gras qu’ils nous avaient d’abord amenées. On prend aussi un sprite à température ambiante, plus de 30°, imbuvable. En tout cas on a bien fait rire la famille qui nous a nourris, impossible de se comprendre. Le chemin nous fait ensuite passer par une plantation de café, il y a une sorte de cabanon sur pilotis pour avoir une vue d’ensemble, mais l’escalier est rongé il n’a plus de marche, si bien la vue était pas plus belle que de la route, en gros un escalier sans marche pour aller à un point de vue sans vue… La route est de plus en plus défoncée, et à 17h on est à l’hôtel. Il reste une petite visite prévue, la cascade d’eau chaude, qui perd un peu de son charme dans la pénombre. Le guide veut nous prendre 2000 roupies, ce n’est pas grand-chose mais c’est de l’arnaque, on refuse, et ça passe, notre chauffeur devant quand même donner 2 cigarettes pour ouvrir la barrière. Même avec la barrière ouverte on n’était pas assuré de rentrer à l’hôtel, on n’a pas de phares et il fait nuit noire… En fait il manque des fusibles dans la voiture, et ceux des phares étaient partis pour les essuie-glaces un peu plus tôt, enfin bref un peu chaud le retour, des pointes à 70 juste avec les warnings. Nos six compagnons de voyage semblent tout droit sortis de Pékin Express, leur but étant de voyager pour le moins d’argent possible, peu importent les galères que ça peut engendrer, mais ils sont plutôt sympas et c’est rigolo de partager nos expériences. Y’en a même deux qui décident de quitter le groupe et de ne pas dormir à l’hôtel pour trouver gîte et couvert chez les habitants, mais sans prévenir le guide inquiet de ne pas être payé, il en appelle même la police, mais bon tout s’arrange on les récupérera le lendemain. La nuit sera courte encore une fois, demain belle journée en perspective.

mercredi 14 mai


On est réveillé à 4h30, mais j’ai bien dormi, je n’ai même pas entendu la cloche de l’usine toute proche sonner toutes les heures. On reprend notre van, on fait un arrêt pour voir le lever de soleil sur le Kawah Ijen et ses deux voisins. Il faut encore rouler environ dix kilomètres, on double d’ailleurs au passage nos deux compagnons partis à pieds du village quelques heures plus tôt... On commence la grimpette à pied, et ça monte sec. Le volcan est la principale mine de soufre du pays, mais aussi la première mine entièrement exploitée à dos d’hommes que j’ai vue, on croise le long du chemin de nombreux porteurs de souffre qui réalisent le trajet avec des charges allant jusqu’à 100 kilos sur les épaules à l’aide de paniers. De vrais forçats du travail. Après une petite heure en forêt, on arrive au campement des mineurs. C’est là qu’ils pèsent leur chargement remonté du bas du cratère. La balance est archaïque, et chaque chargement leur rapporte environ 2,50€. Pas possible physiquement de faire plus de deux voyages par jour, mais le statut social des mineurs est plutôt bon, au dessus de la moyenne, à priori pas besoin de prévoir pour les vieux jours car pas dit qu’ils en auront vu la pénibilité du job, que ce soit leur dos ou leurs poumons, les fumeroles de gaz sulfurique étant horriblement agressives. Il faut encore 45 minutes de marche pour aller du campement au sommet du cratère, par un magnifique chemin qui se termine à flanc de montagne puis sur la crète. La vue est fabuleuse, fascinante, on découvre un grand lac aux eaux turquoise, dont la surface est parfois crevée de bulles d’acides chlorhydrique et sulfurique, et sur un bord la mine en plein air toute jaune d’où jaillit un épais nuage de gaz dans lequel se cachent les travailleurs. Les collecteurs brisent des blocs de soufre qui au départ sort à l’état liquide puis s’est refroidit, et ensuite le remontent au prix de gros efforts dans des paniers à balanciers. Les porteurs remontent des charges plus lourdes qu’eux, sur une pente abrupte, surhumain. On descend vers le lac et la mine, en 30 minutes, en faisant attention de ne pas gêner les mineurs, heureusement il n’y a presque pas de touristes, quasiment que notre groupe. Les porteurs de soufre sont très gentils, souriants, et pourtant ils auraient des raisons de ne pas l’être. On échange quelques biscuits contre des photos. On a de la chance le vent est inexistant et la fumée monte directement. On s’est tout de même pris quelques bouffées, c’est terrible, bien plus qu’une simple odeur d’œuf pourri, on a eu raison de prévoir le coup avec un linge à mettre sur le nez et la bouche. On est à coté des travailleurs, on peut bien observer le processus très archaïque, aucune machine, aucune mule, que les hommes et leurs bras. L’eau du lac a une couleur étrange, d’où se dégagent de la fumée et des crépitements. On jette une pierre pour voir, réaction immédiate comme un cachet d’aspirine, elle entre en effervescence et ressort sous forme de dépôt jaunâtre. Même pas la peine d’envisager se baigner, ça tombe bien on n’avait pas pris les maillots. On reste assis là à contempler le paysage, on a le temps nos deux compagnons ne sont même pas encore arrivés, et à la limite tant mieux on peut s’imprégner de cette ambiance et de cette atmosphère si particulière. Cette journée ne sera pas oubliée de si tôt. Il y aura bientôt des allemands, une équipe télé vient d’arriver faire un reportage. La remontée est difficile, et encore nous ne sommes pas à plaindre, mon sac ne devant pas dépasser les deux kilos, surtout que tous nos « biscuite » y sont passés. On double des porteurs exténués où chaque pas nécessite une grande concentration et une volonté qui dépasse le physique, parce que c’est pas de gros gabarits ces Indonésiens. Une fois en haut on longe un peu la crête, avant de redescendre vers la voiture. La collecte se fait encore un peu plus loin, difficile d’imaginer pourquoi ils n’ont pas aménagé mieux le site pour augmenter le rendement, et s’économiser le capital santé aussi. On peut repartir, on est au complet, on a récupéré nos deux compagnons qui avec leur plan foireux n’ont pas eu le temps de descendre dans le fond du volcan, et direction le ferry pour Bali. On se transfert dans un autre bus, nettement moins confortable que notre van, pas de clim, cinq par rangée, mais on réussit à être deux sur une banquette de trois, c’est déjà ça. La traversée se passe sans problème. Une fois débarqué, il reste trois heures de route pour Denpasar, la plus grande ville balinaise. On est dans le même bus que quatre de nos compatriotes de la journée. Nos premières impressions : les maisons sont plutôt grandes, et surtout elles ont toutes un temple presque aussi grand qu’elles dans la cour, c’est très verdoyant et déjà de très beaux paysages de rizières surplombant la mer et les plages de sable noir. Notre chauffeur est aussi téméraire que les précédents, même si la circulation semble moins dense sur cette île. En tout cas soit il connaît très bien son bus, soit il ne connaît pas le code de la route, ni la peur, ni le danger. On arrive quand même à destination, félicitations, mais il fait noir. Le hasard fait que nous allons à six dans la même ville, du coup on chartérise une camionnette jusqu’à Ubud, encore 45 minutes de trajet. Une fois là-bas nos chemins se séparent, et on va dans un hôtel assez joli d’extérieur, on se pose vite fait et on va manger, on choisit le Lotus, une des très bonnes adresses de cette ville considérée comme le cœur gastronomique de Bali. On prend donc le repas dans les jardins d’un temple, au bord d’un lac rempli de fleurs de lotus. Un peu fatigués, on ne traîne pas et on rentre à l’hôtel. La chambre est superbe, sauf que surprise mon lit grouille de fourmis sous le matelas, et pas des petites, beurk, c’était encore jamais arrivé. Pas moyen de dormir là, on change de chambre, on s’installe, et rebelote, ça suffit on quitte l’hôtel, mais à cette heure plutôt tardive pour le pays pas simple de trouver une autre chambre. Nous voilà dans la rue avec nos sacs à 23 heures dans une ville endormie laissée aux chiens qui terminent dans les offrandes ce que les dieux ont laissé. On a finalement bien dormi dans une petite pension familiale.

jeudi 15 mai

On doit encore passer deux nuits dans cette ville, et on peut trouver un meilleur hôtel, c’est notre première mission de la journée. On en profite au passage pour aller dans le marché et acheter une carte détaillée de la région qu’on a prévu de sillonner pendant ces deux jours. Notre nouvel hôtel est superbe, ça paye pas de mine de l’extérieur mais une fois passée la porte d’entrée de la maison des propriétaires on arrive dans un jardin tropical en terrasse qui descend jusqu’à une superbe piscine. On part louer des vélos, c’est vraiment pas cher, moins d’un euro. On fait une petite promenade la matinée dans des paysages de rizières, on voit ça autrement au rythme où on va. C’est agréable, malgré quelques montées assez longues mais légères. On retourne manger sur Ubud, au Wayan Café, l’autre bonne adresse du coin. Agréable repas sur une table basse, on est sur pilotis dans un beau jardin, l’assiette est belle à voir avec une nourriture variée. On reprend nos vélos et on part de l’autre coté. Là pour le coup c’était trop difficile pour nos petits mollets, grosse chaleur et surtout dénivelés énormes, dommage que le guide de voyage ne prévenait pas. Impossible de ne pas poser le pied, et de ne pas suer. La première partie de la promenade est moyenne, la seconde nettement mieux avec des passages magnifiques, mais faut faire l’effort. Retour dans la ville pour une dernière visite, reboostés par un verre désaltérant devant une vue imprenable sur la crête où nous étions passés en vélo quelques heures plus tôt. La forêt des singes est une sorte de parc où les macaques règnent en maîtres, que ce soit sur les chemins, les temples ou dans les arbres. Ils semblent gentils mais faut pas trop les chercher, ils n’hésitent pas à montrer les dents, surtout que quasiment toutes les femelles ont leur jeune accroché sous leur ventre. On doit pour la première fois porter nos sarongs achetés le matin. Cette sorte de paréo est obligatoire pour visiter les temples, on le met autour de la taille ainsi qu’une ceinture pour respecter la tradition hindoue. Une partie de cette forêt était particulièrement jolie, avec un pont de pierre vieilli par l’érosion, soutenu par des racines monumentales, et d’énormes statues de varans surveillant son entrée. Un véritable décor de film d’aventure. Après cet après-midi bien chargé, on apprécie d’avoir une piscine nous attendant à l’hôtel, d’autant qu’elle est dans un cadre parfait. Petite douche avant la surprise du jour programmée il y a déjà deux mois par Arnaud, une table réservée au Mosaïc, restaurant tenu par le chef franco-américain Chris Salans. Cet établissement, intégré depuis peu dans le très fermé cercle des grandes tables du monde, est considéré comme le meilleur restaurant d’Asie, et pour beaucoup de critiques culinaires comme l’un des tous meilleurs mondiaux. C’est comme le reste 4 à 5 fois moins cher qu’en France, malgré tout je n’avais jamais dépensé autant pour un repas, l’équivalent en France étant inabordable. C’était honnêtement une expérience formidable, culinairement impressionnant, au-delà de ce que je pouvais espérer. Un peu sceptique avant ça sur la grande cuisine, je reconnais volontiers mon erreur. On y est allé en taxi, le chauffeur étant par pure coïncidence le mari de notre serveuse. Après les détecteurs de métaux et le service de sécurité passé, on s’installe dans les salons pour un cocktail et un amuse bouche. On est ensuite placé à notre table en extérieur, avec de nombreuses bougies, la cuisine est toute proche, ouverte sur le jardin, on peut donc observer les artistes à l’action. Le service est incroyable. Le menu est unique, mais on a le choix entre la variante tradition et l’autre plus exotique, chacune composée de six plats. L’option des vins sublime les plats, avec un verre sélectionné par le sommelier pour chaque étape du repas. Les plats nous sont expliqués au fur et à mesure, ainsi que les vins et leur origine. Les saveurs sont parfaitement assorties et maîtrisées, les textures déconcertantes. Bravo au chef, qu’on a pu aller féliciter en partant, même s’il ne s’agissait plus à ce moment là que de son second, un anglais. Une soirée qui restera dans les annales, dans ma mémoire et dans mon palais.

vendredi 16 mai

Pour aujourd’hui plus de vélo, il nous faut l’aide d’un moteur pour les côtes, on loue donc une moto, ou plutôt une sorte de gros scooter, on pourra rayonner ainsi un peu plus loin dans la région. Une moto pour nous deux ça ira, et Arnaud sera le chauffeur, mon essai de pilotage n’a pas été concluant…je garde secret les circonstances de mon échec au test, mais le propriétaire a eu un peu peur pour son véhicule. Belle campagne, on repasse par notre chemin de la veille avant de bifurquer, on avait quand même fait un sacré bon bout de route, je comprends mieux la fatigue. Dès qu’on quitte la route principale les enfants nous saluent systématiquement. Notre première étape c’est pour visiter un temple, 200 marches à descendre pour l’atteindre, avec le sarong. C’est pour respecter les traditions, en plus c’est esthétique, mais ça donne super chaud. Il y a plusieurs énormes statues taillées directement dans la roche, et les rizières alentours longeant la rivière sont vraiment jolies. On remonte les 200 marches. L’étape suivante nous emmène aux bains sacrés de Kampasaring, source aménagée en bains publics sensés purifier. Y’a quelques touristes japonais avec nous, et ils nous demandent d’être photographiés en leur compagnie, étrange idée, on va donc se retrouver dans leur album. On poursuit notre route, jusqu’à la grotte des éléphant, l’entrée est très belle, mais l’intérieur est basique, chaud saturé d’encens. Il y a des joueurs d’échecs, on ne le sait pas encore mais on en verra tous les jours, ça semble être un passe-temps populaire ici. Nous voilà de retour à Ubud, au programme massage balinais. Y’a le choix, les offres sont nombreuses. Après sélection, on se retrouve sur deux tables en extérieur dans un jardin tropical, au bord d’une piscine, c’est parfait. Il y a même des fleurs sous la table pour qu’on ne voit pas le sol, c’est le goût du détail. Piscine ensuite pour se rincer un peu, et on se dirige vers le spectacle de danse balinaise Kecak Fire. On est directement surpris, au moins 80 chanteurs-danseurs pour faire l’armée des singes, y’en a un mieux déguisé pour le méchant géant qui les tue, et deux super singes qui vont gagner à la fin, plus des danseuses par moments dont on connaît pas le rôle. C’est très symbolique. Très vite j’ai su que ce serait long. C’est quand même à voir, et à entendre, les chants sont répétitifs, très chorégraphiés, très schématisés, on comprend un peu ce qui se passe mais ça reste pas clair. Y’a plus d’acteurs que de spectateurs. Y’a même un des singes qui n’est autre que notre chauffeur de taxi de la veille. Repas et retour à l’hôtel.

samedi 17 mai

Aujourd’hui on quitte Ubud pour Amed, on a donc loué une voiture privée avec chauffeur, à peine plus cher qu’un transport collectif, et surtout plus confortable et plus indépendante. La voiture arrive, on est bien tombé elle est superbe, c’est en fait un gros van noir avec vitres teintées et intérieur cuir, belle sensation de puissance dans ce véhicule. C’est en fait la voiture d’un riche homme d’affaires dont le chauffeur se permet quelques petits extras quand elle ne sert pas à son patron, tant mieux pour nous. On fait une pause à Tirtagangga visiter son temple sur l’eau, c’est joli, il y a un chemin sur pilotis en plein milieu d’un bassin avec jets d’eau et fontaines. On arrive à Amed, c’est tout petit, tout en longueur, avec une petite plage, une petite route qui la longe, et quelques petites maisons de l’autre côté de la route. L’hôtel est plutôt sympa, avec vue sur la mer et salle de bain ouverte sur l’extérieur sans toit. On organise notre transport pour Sidemen le lendemain, du coup on a tout l’après-midi pour nous avec rien de spécial de prévu, ça nous change. La plage est étroite mais sur une bonne longueur, et le sable est noir, avec beaucoup de cailloux. La première impression est de se demander ce qu’on fout là, surtout que la plage semble pas super propre, faut dire qu’elle est habitée, c’est un peu la ferme à la plage, y’a des poules, des cochons, et toutes les familles des pêcheurs qui vivent dans de petites cabanes les pieds dans l’eau. C’est donc relativement sale, avec quelques détritus. L’avantage et le point fort de cette étape, et on a du mal à y croire avant de l’avoir vu, c’est la beauté du fond marin avec des milliers de coraux et poissons multicolores à trois mètres du bord dans moins d’un mètre d’eau. On a fait tous les restos de la « rue » pour boire des jus à tour de rôle le temps que l’autre faisait du snorkelling. On s’est reposé un peu, on a entamé ce récit, en croisant le couple de français qui était avec nous au Kawah Ijen arrivés après de longues heures de transports publics. Bon repas de poisson frais, ça aurait été dommage de ne pas profiter de cette proximité avec la mer.

dimanche 18 mai

On se lève tôt, on doit aller observer le retour des pêcheurs. Ils reviennent tous vers six heures et on voit au large les toiles colorées de leurs barques traditionnelles à double balancier. Ils arrivent, pas de port ou de pontons, on accoste en se jetant directement sur la plage pour décharger le butin. Pas la peine de s’attarder, une voiture nous attend pour se rendre à Sidemen, petit village dans le cœur de l’île réputé pour ses beaux paysages de rizières. Le point fort de la journée n’est pas là-bas, c’est le snorkelling au Liberty Ship, une épave de navire échouée à seulement 40 mètres de la côte, devenu le refuge de toutes sortes de coraux, paradis des plongeurs et des nombreux poissons qui y ont élu domicile. C’est fabuleux ce que la nature a pu engendrer, il y a des poissons incroyables aux couleurs insoupçonnées dans un décor d’épave rongée par la mer où les coraux se sont invités. On peut aussi observer la danse des quelques plongeurs partis plus profondément. C’est la plus belle plongée que j’ai pu faire. C’est clair, le monde sous marin est merveilleux. On reprend la route vers notre prochaine étape, l’hôtel est superbe, une vraie adresse de charme, une chambre splendide avec une vue exceptionnelle sur un somptueux paysage de rizières. On loue une moto pour l’après-midi et le lendemain matin, pas d’assurance, on va y aller molo. La grosse ville du coin se nomme Klungkung, il y a un temple à visiter, l’occasion aussi de jouer du bambou sur un instrument traditionnel laissé là à disposition, on est mauvais. On n’est pas pressés, on va dans le café Internet de la ville, c’est miteux. En 15 minutes pas moyen d’ouvrir quoi que ce soit, le PC est très vieux et la connexion date d’avant la conception d’Internet, totalement inefficace, bref on a abandonné. On tombe ensuite sur une grosse fête hindoue, on est dimanche, les temple sont remplis, il y a des musiques, des tas d’offrandes, et tout le monde est de sortie dans sa belle tenue : sarong pour tous, avec un beau chemisier en dentelle pour les femmes, chemise, ceinture et bandeau pour les hommes. C’est plus calme dans la campagne, on peut observer les paysans travailler, et les gens sont sympas, ils n’hésitent pas à nous aider pour retrouver notre route. On tombe sur des jeunes qui contemplent un paysage en buvant de l’arak, ils nous invitent mais ne semblent pas à leur premier verre et il faut rentrer. On tente d’abord de trouver quelqu’un dans le village qui pourrait nous organiser le transport le lendemain moins cher qu’à l’hôtel, pas simple dans ce coin reculé. On croise un groupe d’hommes, une soixantaine, ça vaut le coup de voir ce qui se passe. La moto garée, on s’avance. Pour une fois on n’est pas l’attraction, on est même ignoré, y’a plus important que les deux petits touristes venus se perdre là. Les vedettes c’est les coqs, prêts à se battre pour le plaisir de tous ces messieurs. Y’a tout un cérémonial, des rituels, pour choisir les coqs, les tester, les chauffer, puis les préparer. On attache une épée aux deux champions sélectionnés puis les paris commencent, ça s’anime, ça crie, je sais pas comment ils s’y retrouvent dans leurs comptes. Le combat commence, c’est la mêlée tout le monde s’agite, le coq blanc a perdu. J’ai même failli renverser cette mêlée, emporté par le flux les pieds coincés sous un bambou, ça aurait été chaud je pense si j’avais fait foirer leur combat… Des gens se moquent gentiment de notre accent français en tentant de nous imiter parler, pour eux ça donne « che chon cha che », sans doute parce qu’on est deu ch’nord. Soirée au resto de l’hôtel, y’en a pas d’autre dans le coin de toute manière.

lundi 19 mai

Pluie torrentielle pendant la nuit, impressionnant vacarme, agréable d’avoir un toit, même si le notre était en paille ça suffit. Quand on croit que la pluie est à son maximum, elle redouble ! Il y a une accalmie pour le petit déj, mais au moment de prendre la moto ça repart de plus belle. Ca n’a heureusement pas duré donc on se lance. Belle route jusque Besakhik, le plus grand temple de Bali. C’est joli, beaucoup de tours aux chapeaux de paille, plus y’en a plus c’est pour les gens importants. L’architecture générale est rarement impressionnante, sans grands monuments. Les statues sont habillées de sarongs elles aussi, et tiennent quand elles le peuvent des offrandes. On veut nous imposer un gardien du temple car il y a une cérémonie spéciale, c’est bidon, ni plus ni moins qu’un guide officieux venu soutirer de l’argent aux touristes. Faut être persuasif pour visiter seul. Y’a réellement des cérémonies, mais c’est tous les jours ici, et on est accepté sans soucis à partir du moment où on est respectueux. On repart vers le lac Batur, la route traverse des forêts, ça change. Et là alors que tout était calme, même plutôt désertique, on tombe sur un gros centre touristique, avec bus, restos énormes impersonnels, vendeurs agressifs, … bref un site abîmé et gâché par le tourisme de masse, dommage car c’était joli au départ. On mange là, et comme prévu, déception, on n’a pas fait long feu. On retourne directement à l’hôtel où nous attend une voiture qui nous emmènera à Sanur, une station balnéaire au sud de l’île. Notre chauffeur ne parle pas du tout anglais, tant pis. Le but de cette étape est de partir dès le lendemain matin sur l’île voisine de Nusa Lembongan. Notre hôtel est le plus proche de l’embarcadère, mais la chambre est moyenne. Y’a beaucoup de touristes, mais principalement des locaux, et c’est relativement calme pour une station balnéaire de cette taille. On part le long de la plage, on doit chercher un café Internet digne de ce nom. On marche, on longe des hôtels parfois très chouettes, souvent vides et d’autres à moitié abandonnés, on marche encore, pas moyen de rejoindre la route principale, aucun passage n’ayant été prévu… C’est vraiment très mal foutu, après deux ou trois kilomètres, on se décide à traverser un hôtel désert et on trouve un café. On organise au passage la location d’une voiture pour le surlendemain dans une petite agence de rue. L’atmosphère de la ville est étrange, c’est tout calme malgré une infrastructure très développée et une capacité d’accueil énorme. Le resto est quasiment vide, et le soir on a presque un concert de reggae privé dans un café du bord de mer.

mardi 20 mai

On se lève tôt pour le bateau, et il pleut encore à torrent en ce début de matinée. On profite d’une accalmie pour aller voir le départ des premiers bateaux pour Nusa Lembongan, la petite île de pêcheurs à une heure d’ici. Pas la peine de chercher un ponton ou un embarcadère, le bateau se rapproche le plus possible du rivage et les gens le rejoignent par la plage. Pas la peine non plus de chercher un vrai ferry, c’est juste une très grosse barque de pêcheur à double balancier. Drôle de spectacle, les gens ont de l’eau jusque la taille au moment de monter dans le bateau, ou alors il faut payer un porteur qui amène les affaire ou qui porte les gens jusque dans le bateau : les filles à bras, les hommes l’entre jambe sur leur épaule. Ils sont payés à chaque trajet donc ils carburent et crient après le client, y’a de l’animation, et les bateaux sont pleins à craquer. Vu les conditions précaires et le temps plus que menaçant, on se pose de plus en plus la question de savoir si on continue dans ce plan qui peut vite devenir galère. Chose assez rare, on renonce finalement et on prend l’autre option de la voiture pour remonter au nord de l’île et modifier le programme. On réveille la fille de l’agence qui nous envoie un chauffeur, encore une magnifique voiture. On n’est pas spécialement pressés, on a toute la journée pour traverser du sud au nord l’île jusque Lovina, et on montre notre programme au chauffeur, malheureusement assez antipathique. Le premier arrêt est au temple de Tanah Lot, l’un des principaux de Bali. C’est un ensemble de temples, le principal étant sur un rocher inaccessible par marée haute. On observe de la falaise et les vagues s’écrasant sur cet îlot isolé offrent un spectacle impressionnant. Pas loin, une petite plage de sable noir où déferlent les rouleaux, et quelques surfeurs en profitent. Un rocher creusé rappelle Etretat, si on oublie le temple qui le surplombe. Il paraît que le temple est habité par des serpents, et il y en a un en exposition, le plus gros que j’ai eu l’occasion de voir, plusieurs mètres de long et d’un diamètre plus grand que ma cuisse, énorme. On rejoint la voiture en retraversant les nombreuses petites boutiques, il pleut un peu. On fait une autre étape rapide au temple de Mengwi, avec de nombreuses pagodes à étages. Sous un des préaux on voit encore des joueurs d’échecs, même un échiquier mural, c’est le club de la ville. On s’approche il y a une quinzaine de joueurs, quelques jeunes écolières, des coachs, et nous. On avait vu depuis notre arrivée à Bali que l’une des boissons les plus populaires était l’Extra Joss, et forcément on trouvait ça rigolo, surtout avec le logo représentant un poing puissant. On a voulu en acheter en souvenir ou en cadeau, mais finalement il s’agissait de poudre énergisante à mélanger avec de l’eau, donc on oublie. On fait ensuite une autre étape plus importante au temple Ulu Danu sur le lac Bratan. Pour le déjeuner on a une adresse, notre chauffeur nous arrête à un autre resto hyper touristique, on lui fait remarquer mais il nous dit que le notre a fait banqueroute, finalement on mangera où on voulait, le resto se portant très bien, quel arnaqueur ce chauffeur… Mon plat pourtant plutôt basique est servi dans un plat en fonte hyper bouillant, ça crépite de partout, original. La terrasse donne sur un minuscule parc de loisir très décrépi. Les deux temples principaux sont sur des petites îles voisines sur le lac, avec une tour à onze toits. La lumière sur cette grande étendue d’eau par ce temps couvert est un peu irréelle, rajoutant au calme et à la sérénité du lieu. Dans l’enceinte du temple on trouve aussi une statue bouddhiste, et pas loin une mosquée, toute la diversité de l’île. Notre chauffeur commence à regarder sa montre, il semble pressé et pensait pas que nous irions au bout du temps pour lequel on l’avait payé, du coup son rythme pépère devient plus sauvage, mais rien à voir avec les expériences précédentes. On veut prendre la route touristique plus longue mais plus jolie, il le fait à contre cœur. Sur la route y’a une cascade, pas indispensable mais on passe devant, pas de place sur le parking, il se pose même pas la question et continue. On s’arrête malgré tout aux sources de Banjar, avec trois bassins aménagés dans le lit d’une rivière, où l’eau est naturellement chaude, soufrée et pas limpide, le tout dans une végétation luxuriante. Un endroit bien agréable pour prendre un jus de fruits. Plus que huit kilomètres pour notre chauffeur avant d’arriver à Lovina, et il ne nous dira même pas au revoir après nous avoir déposés à l’hôtel. Notre chambre est pas mal, mais surtout la piscine est géniale. Cette ville est une bonne surprise, station beaucoup plus petite que Sanur, l’ambiance y est meilleure. La plage de sable noir est très longue plage, avec tous les bateaux des pêcheurs. L’attraction du coin est de courser les dauphins au lever du soleil dans une de ces embarcations, on réserve donc notre place pour le lendemain. D’ici on voit le lever et le coucher de soleil. On trouve un p’tit café sympa, et un resto pas loin pour un bon plat de poisson frais, et dodo.

mercredi 21 mai

On se lève tôt, l’objectif est d’aller observer sous le lever du soleil les nombreux dauphins venant s’alimenter dans le coin. Après le petit déj, encore des crèpes à la banane et des fruits, un pêcheur vient nous chercher pour nous amener à sa barque, et sur le trajet nous demande de ne pas dire le prix de l’expédition aux deux indonésiennes qui vont partager notre embarcation puisqu’il s’est fait une grosse marge avec leur chauffeur en leur faisant payer le double du prix, comme quoi y’a pas que les touristes qui se font arnaquer. On se dirige vers le large, et doucement le soleil fait son apparition. Là commence un drôle de spectacle, toutes les barques coursent les premiers dauphins apparus un peu plus loin, puis se dispersent et se calment quand ils disparaissent. C’est un peu le jeu du chat et de la souris entre pêcheurs et dauphins, savoir où et quand ces magnifiques animaux vont refaire surface. On a un peu de chance, un peu de nez, ils sont ressortis à coté de notre bateau, quel spectacle, par groupes de 4-5, y’en a même qui ont sauté entièrement de l’eau, ça valait le coup de faire le déplacement. On est vite rattrapés par tous les autres pêcheurs avec leurs touristes. L’inconvénient c’est pour ces pauvres dauphins qui ont du mal à manger leur plancton tranquillement avec ce safari en pirogue, mais bon vu qu’il rapporte plus touristiquement que la pêche ils sont naturellement protégés. On rentre à l’hôtel pour un transfert à Kuta. On a de la chance on a pris des tickets pour un minibus mais on n’est qu’à deux, du coup on nous affrète une voiture privée à prix très compétitif pour le confort. On retraverse l’île du nord au sud. Kuta est d’emblée très différente de tout ce qu’on a vu jusque là, un autre Bali s’ouvre à nous. Ici tout est animé, c’est la ville du tourisme, et il y a beaucoup de monde. On se trouve un hôtel, au prix très compétitif mais de qualité moyenne, et on loue une moto. Elle est du gabarit inférieur à celles qu’on avait pu conduire, mais tant mieux la maniabilité n’en sera que meilleure. Il suffit juste de retirer le pose planche de surf, car ici c’est le paradis des surfeurs. Les Australiens sont les touristes les plus représentés, ils sont partout dans ce qu’ils considèrent comme leur Côte d’Azur. On ne croise que des grosses baraques torses nus, bermudas à fleurs, cheveux blonds, tatouages, et la bière à la main dans les nombreux bars. La plage est la plus belle de l’île, longue, sable blanc, mais la mer est dangereuse. Des panneaux avec tête de mort sont dressés partout sauf en face des cabanes des sauveteurs. Partout on nous propose des cours de surf. Il est temps de se mettre en route avec notre petite moto, on doit aller jusqu’au temple d’Uluwatu, au bout de la presqu’île. La route est plus longue que prévue, d’abord pas marrante avec pas mal de circulation, elle devient vite déserte. Le temple n’est pas particulièrement impressionnant, c’est surtout le site qui est magique, en haut de gigantesques falaises. La forêt est habitée par plusieurs colonies de singes, plutôt pépères, sauf celui qui a piqué les lunettes de la touriste devant nous, ou celui qui a mangé la mousse du siège d’une moto garée pas loin de la notre. Une émission touristique anglaise sur Bali est en train de se terminer ici, l’animateur a du mal à trouver sa phrase de conclusion, c’est curieux de voir le nombre de prises et les essais pour une simple petite phrase. On reprend la moto, la banquette étant intacte et les lunettes vissées sur le nez, et direction Pantai Uluwatu, l’un des plus fameux spots de surf de l’île. On descend un long escalier, puis une faille nous emmène sur une plage minuscule qui s’ouvre sur un étroit goulet, le lieu est magnifique. On remonte au « village », assemblement de quelques cafés hippies en haut de la falaise où on peut observer les courageux et talentueux sportifs. Il est l’heure de regagner Kuta, avec une dernière pause le long de la route dans une cérémonie puis dans le délire mégalomaniaque de l’ancien président destitué : une route magnifique avec statues gigantesques pour son projet de résidence privée qui finalement est tombée à l’eau et donc en décrépitude, quel gâchis. On trouve facilement un petit resto sympa puis un bar avec musique live pour la soirée. Le groupe est extra et le chanteur s’appelle Rémy, l’un des seuls Indonésiens à avoir ce prénom, et il nous prend pour des jumeaux. Retour à l’hôtel, on tue deux des trois cafards se baladant en notre absence, et espérons que le rechapé ne sera pas rancunier pendant notre sommeil.

jeudi 22 mai

Dernier réveil en Indonésie, direction Kuala Lumpur. Avant de rejoindre l’aéroport, on fait un ultime passage sur la plage, des surfeurs attendent déjà la vague. Le soleil se reflète sur le sable mouillé, ce sera la dernière belle vision de l’île. On trouve un taxi, le terminal semble tout pourri, mais une fois passé la douane, ça s’améliore et on trouve restos et magasins pour patienter. Le vol est en avance, chose assez rare pour le signaler, et on arrive à Kuala Lumpur avant l’heure prévue. Il nous reste juste à trouver un moyen de locomotion pour rejoindre Singapour, donc direction le terminal de bus. L’aéroport n’est pas tout prêt du centre ville, on passe pas mal de temps dans le taxi. Pas de chance pour nous, le bus de minuit est plein, on n’a pas pris en compte notre tentative de réservation par téléphone, du coup on se rabat sur un autre beaucoup plus tôt, il ne nous reste que trois petites heures pour profiter de la capitale malaise. Notre choix est vite fait, on file voir les tours jumelles, les plus hautes du monde, et aussi sans doute les plus belles. Le problème c’est que la circulation est saturée, notre taximan, un pépé indien, est sur les nerfs. On n’aura que quelques minutes au pas de course à passer au pied des buildings. Elles sont magnifiques, parfaitement mises en valeur par l’illumination, impressionnantes par leur architecture et leur taille, on se sent tout petit. Quelques photos et il faut déjà repartir, ça aura été une visite express. Le bus est luxueux, sièges super confortables, collation pour bien passer la nuit, et cinq heures plus tard nous voilà à Singapour après les deux douanes. On reprend un taxi, moyen pratique pour circuler vu le prix assez bas des courses, et cette fois c’est bon on est chez nos amis pour la dernière ligne droite du voyage.

vendredi 23 mai

La nuit fût courte mais bonne, et c’est avec plaisir qu’on a retrouvé le confort de l’appartement. Manon se lève en même temps que nous, elle revient juste de New-York, avec douze heures de décalage horaire. Petite baignade histoire de bien débuter la journée, puis on part se balader à pied dans la ville, promenade toute douce avant de rejoindre Raphaël pour le déjeuner, l’occasion de lui dire au revoir aussi puisqu’il partait l’après midi même pour Bali en séminaire. Après le resto japonais, direction le zoo, encore en taxi puisque ici ça ne coûte pas grand chose. Le zoo est une attraction incontournable de Singapour, et les animaux sont à priori bien intégrés dans cet environnement conçu pour être le plus proche possible des conditions de vie de leur milieu naturel, avec des barrières et enclos constitués de roches ou rivières. Sur le papier c’est une bonne initiative, maintenant ça reste un zoo, et les animaux ne semblent pas fous de joie, je repense à l’ours polaire par exemple dans sa banquise artificielle climatisée alors qu’il fait 35°. Les stars sont sans concurrence les orangs-outangs, ces gros singes marrons plein de poils très expressifs. C’est étonnant de les voir évoluer suspendus au dessus de nos têtes en se balançant le long des cordes. Y’avait aussi des tortues géantes, des tigres blancs, des dragons de Komodo et plein d’autres espèces de primates, reptiles ou félins. On a aussi pu assister à des spectacles d’éléphants, très américanisés, mais ces grosses bêtes sont tout de même surprenantes. On passe la soirée dans un bar branché le long de la rivière en mangeant des pizzas, et surprise y’a un spectacle pyrotechnique avec musique, danses sur l’eau, mais surtout un feu d’artifice magnifique avec les buildings du centre financier en toile de fond, on s’est dit que c’était peut-être pour fêter la fin de nos vacances…

samedi 24 mai


Pour notre dernière matinée, on part visiter la réserve de Bukit Timah, zone de forêt tropicale au cœur de la ville. On laisse Manon se reposer et on prend le bus à deux, il fait déjà très chaud, et encore dans la rue c’est rien comparé à ce qui nous attend dans la jungle. A peine rentré sur les sentiers, l’humidité devient très importante, trop, et on est tout de suite noyés de la tête aux pieds, le tissu de la chemise saturé de sueur ne pouvant plus rien absorber. La balade est sympa, mais en dessous de nos espérances. On croise tout de même différentes espèces d’animaux : des varans, des singes, des fourmis aussi grosses qu’un ongle, etc… On revient à l’appart pour une petite détente méritée dans la piscine, puis Manon nous emmène dans un centre commercial manger chinois, des dumplings, sortes de gros raviolis à la vapeur, fourrés au porc, au bœuf, ou à j’sais pas quoi. C’est bon, quoique que parfois surprenant, surtout ceux aux haricots rouges pour le dessert… On se rend en début d’après-midi à la volière de Jurong, la plus grande réserve ornithologique du monde, avec des milliers d’espèces d’oiseaux. Y’en a vraiment des supers beaux, multicolores, et d’autres que je connaissais pas du tout. On passe de cages en cages, jusqu’à la volière principale aussi grande qu’un terrain de foot, remplie d’oiseaux du paradis aux couleurs incroyables. Ils viennent même boire le lait dans nos mains, c’est un vrai plaisir. Leur gentillesse est néanmoins pas à la hauteur de leur beauté, et ils n’hésitent pas à se donner des coups de bec pour avoir une plus grosse part, même nous on se fait pincer quand on cherche à arbitrer les duels : je suis reparti de là avec un petit pinçon au doigt, mais c’est secondaire. Y’a une autre volière à l’ambiance tropicale où a été construite la plus grande cascade artificielle au monde, pas aussi impressionnante qu’un tel record pouvait laisser espérer. La visite se termine par les perroquets, puis les flamants roses. C’était une belle balade. On retourne dîner en ville, et pour se réadapter petit à petit à la vie occidentale, on choisit un bon resto français, avec steak frites et bon vin rouge, y’a pas à dire, ça reste le top du top. Il est l’heure de se rendre à l’attraction dont est le plus fier Singapour : son zoo nocturne avec le safari de nuit, l’occasion de voir d’autres espèces d’animaux que celles vivant la journée. C’est bien foutu encore une fois, une partie s’est faite en petit train au milieu des enclos, et d’autres passages se faisaient à pied. On a pu observer des écureuils volants, avec des bonds de plus de 15 mètres, ou regarder des chauve-souris géantes manger les fruits au bord du chemin. Après cette promenade, on pouvait aller dormir paisiblement pour notre dernière nuit du voyage.

dimanche 25 mai

Dernière baignade au lever, puis c’était l’heure des au revoirs avant de regagner l’aéroport. On espérait pouvoir profiter des mêmes loisirs que lors de notre précédent passage, mais on était dans un autre terminal, aussi beau et agréable mais moins ludique, du coup on n’a eu que l’accès Internet et on a pris notre dernière Tiger du voyage dans un café. Le vol fut aussi confortable qu’à l’aller, et c’est des souvenirs plein la tête qu’on est rentrés chez nous.